Episode 3.

Episode 3.

- Je le déteste !
Clara n'en pouvait plus. C'était la dixième fois qu'elle essayait de joindre Maxence ; sans succès. Elle avait mal agi, et elle le savait.
Elle n'aurait pas dû le laisser faire, elle aurait dû réagir, l'empêcher de la quitter de cette façon.

Et la pluie qui s'abattait sur la ville depuis le début de la journée n'arrangeait pas ses affaires. Elle aurait aimé, en cette journée des loisirs, pouvoir sortir se promener pour se changer les idées.
Au lieu de cela, elle devait se contenter de sa "maison" , et y rester seule pour le restant de la journée.

Ces mauvaises idées en tête, elle s'effondra sur le parquet de l'unique pièce qui constituait sa maison.
- Je n'en peux plus... Pourquoi je m'obstine à l'appeler ? Ça sert à rien, de toute façon... Il m'a complètement rayée de sa vie...
... je devrais dormir... Demain sera un jour nouveau, alors peut-être... Peut-être qu'il daignera enfin me faire signe ?

- Maxence... Promets-moi que tu me répondras demain... Je n'en peux plus de t'attendre...
Clara s'endormit, la tête embrouillée, les idées perdues. Elle rêva de Maxence; de leur première rencontre. Maxence avait toujours été un vrai ami pour elle, depuis leur soirée au restaurant surtout.
La perspective de ne plus jamais lui parler se présentait pour elle comme un véritable supplice ; d'autant plus que son travail la comdamnait à le voir tous les jours, sans lui parler.
Elle aurait voulu être fixée sur les sentiments qu'elle avait vraiment pour lui : était-ce seulement de l'amitié pure et dure? Rien n'était moins sûr. De plus, sa mission l'obligeait à faire sa vie avec un homme de la ville. Maxence était le premier (et seul) concurrent à la main de la belle...

Mais cette discussion rendait tout cela impossible.
Le lendemain, Clara fut réveillée en sursaut par son téléphone.

- Allo ? Qui est à l'appareil ?
- Clara... C'est moi.
Il lui fallut moins d'une seconde pour comprendre.
- Maxence ? C'est bien toi? Tu as changé d'avis ?
- Oui, Clara. Pardonne-moi... J'aurais jamais du agir comme ça. J'ai vraiment été con...
- Dis pas de bêtises... C'est moi qui ai été conne.
- Je te jure que non... Tout ça, c'est ma faute. Attends-moi ici, s'il te plaît... J'arrive.
- Chez moi ?
- Chez toi.
- Tu deviens fou ? Ma maison est un taudis... Je sais même pas s'il y assez de place pour deux là-dedans...
- On s'en fout, on restera dehors. Il fait beau aujourd'hui.
- Si tu y tiens tellement.
- A tout de suite !
IL raccrocha. Elle ne put retenir sa joie plus d'une seconde.
Toute l'angoisse qui la tiraillait depuis la veille était retombée d'un seul coup. Elle allait revoir Maxence, enfin ! Une journée n'était pas énorme, certes ; mais la dernière journée avait été tellement longue, qu'elle était apparu comme un an selon Clara.
Peu importe ; elle allait LE revoir. Et ça, cela valait bien tout son taudis entier.
Elle resta dans l'euphorie la plus complète, jusqu'à ce qu'on frappe à la porte.

- Clara ! Enfin je te retrouve ! Si tu savais le temps que je t'ai cherché dans cette ville...
- Stop ! l'interrompit-elle. Tu n'as pas à t'excuser. J'aurais du te donner mon adresse, c'est vrai. Tout est ma faute. Mais qu'importe... Je suis vraiment désolée pour hier.
- T'as pas à être désolée. C'est moi qui ai agi comme un con... Mais on a déjà eu cette conversation il y a, quoi... Une demi-heure ? A quoi ça servirait qu'on l'ait de nouveau maintenant ? On est de nouveau amis, et c'est tout ce qui
compte.
    

- On fait tous des erreurs dans la vie, nous les premiers, continua-t-il. Hier, c'est ce qui s'est passé... Et c'est ce qui se passera dans toute notre vie. Il faut qu'on apprenne à vivre avec ça, à ne pas tout le temps prendre la faute sur soi. Je pense que c'est ça, l'essence même...
- T'es trop chou quand tu parles comme ça...
- Wouah, quel changement de sujet !
- C'est dans mon caractère, non?
- Si...

- T'es plus qu'une amie pour moi, Clara. Je suis hésitant avec toi depuis le début, c'est pour ça... Tu es merveilleuse, je savais que je pourrais pas tenir quand ce gars m'a confié cette mission, je savais que j'allais tomber amoureux de toi... Je sais même pas pourquoi j'ai accepté. J'aurais pas du, je crois...

- Écoute, Maxence... T'as pas à t'excuser. Tu fais ce que tu veux, si ce mec te confie une mission qui consiste à être proche de moi, rien ne t'empêche de t'autoriser quelques extras... Celui-ci en fait partie.
- C'est pas aussi simple. Je suis fiancé. A une certaine Joëllia... Je la déteste. Mes parents m'ont obligé à l'épouser parce qu'elle est riche... Ma famille a cruellement besoin d'argent ces derniers temps.
- Mon chou... Si tu ne l'aimes pas, tu ne l'aimes pas. Personne ne peut te forcer à l'épouser, ni tes parents, ni l'argent. En tout cas sache que moi, je t'aimerai toujours... quoi que tu décides.
- Tu es vraiment parfaite. Merci de me faire confiance. Mais je crois que... il va falloir que je rentre... lui annoncer notre rupture.
- Roh... rien ne t'empêche d'attendre un peu, non ?
- Je vois ce que tu as en tête... Mais, honnêtement, lui annoncer que je la quitte pour une autre, ça risque de pas lui faire plaisir, je crois qu'elle m'aime vraiment... Mais, si, en plus, tu te retrouves avec un enfant à porter, je serai forcé de leur annoncer et je crois que là, elle me laissera pas partir comme ça...
- J'ai tout prévu. Je ne tomberai pas enceinte ce soir, je peux te l'assurer.
- Dans ce cas...
Maxence lacha d'abord Clara l'espace d'une seconde et la regarda intensément. Puis, il l'embrassa fougueusement sans la lacher du regard. Après ce long baiser, il l'agrippa et la plaqua contre le mur.
- Maxence... Tu es tellement beau...
- Toi aussi, tu es divine ma chérie. Mieux que cette pimbêche de Joëllia.
- Ne parle pas d'elle... Elle n'existe plus. Maintenant, il n'y a plus que nous... Nous deux, le bruit des gouttelettes dehors... et c'est tout. Il n'y aura personne pour venir nous chercher, à partir de maintenant...
- J'adore quand tu parles comme ça...
- Tu le fais encore mieux que moi, tu sais...
- Je le crois pas une seconde. Tu es parfaite, ma belle. Et moi, je suis tout, sauf parfait...
- Qu'est-ce que tu racontes ? Je ne suis pas parfaite, et tu n'es pas parfait aux yeux de tout le monde, mais aux miens tu l'es... C'est ce qui compte tu ne crois pas ?
- C'est le moment... Je vais tout te dire...
- A propos de quoi ?
- De mon boulot... De qui m'envoie pour faire tout ça...
- Vas-y... Je t'écoute.
Maxence lacha un instant Clara, puis s'assit sur le lit. Elle en fit de même, et se blottit contre lui.
- Il s'appelle Denis, commença-t-il. C'est un homme assez grand, de corpulence moyenne, d'une cinquantaine d'années.
- Hmm ??
Il se tût un instant, puis reprit :
- Il... il a toujours vécu ici, comme moi. Il a une grande maison éloignée du centre – ville... Et...
Il hésita longuement. L'information qu'il s'apprêtait à révéler semblait devoir être tenue secrète. Cependant, il finit par craquer :
- C'est le père de Joëllia.
Clara ne sut que dire. Elle regarda son homme d'un oeil compatissant.
- Tu... tu voudrais peut-être dormir ? demanda-t-elle, gênée.
- Si ça ne te dérange pas, je veux bien, répondit-il avec un sourire du coin de la bouche.  
- Maxence ?
- Oui, chérie ?
- Je voulais que tu saches que... ce Denis... je m'en fous qu'il soit le père de cette pétasse. Quoi qu'il arrive, et même si tu décides de rester avec elle... je t'aimerai toujours. Souviens toi de ça...
- Merci. Mais je vais rompre. Je ne la supporte pas... Ni elle, ni son père.
Sur ces mots, exténué, il s'endormit.
* * *
Le lendemain matin...

L'ambiance était froide dans l'unique pièce de la maison . Le couple mangeait son petit-déjeuner dans un silence pesant.
Lorsque le véhicule de covoiturage de Clara klaxonna, elle poussa un cri de soulagement.
- Je... j'y vais, lâcha-t-elle. A tout à l'heure...
- Oui, à tout à l'heure.
Il ne lui avait pas adressé un seul regard lorsqu'elle s'était levée pour s'habiller à toute vitesse. Ses yeux étaient restés rivés sur son pot de glace, pourtant vide.

Dans la voiture, Clara laissa s'échapper une larme. Elle n'arrêtait pas de penser à Denis. Elle l'adorait pour lui avoir donné l'opportunité de rencontrer Maxence, mais le détestait pour être le père de Joëllia.
Par-dessus le marché, la pluie semblait être partie pour s'abattre toute la journée sur Sunlit Tides. Détestant ces gouttes, cela ne lui changeait pas les idées, bien au contraire, chaque goutte était une cellule du corps de Denis. A chaque bruit, le visage de l'homme lui revenait. C'était un véritable cauchemar.

En sortant du travail, elle s'efforça de sourire. Elle salua Marie, sa collègue et amie. Mais le coeur n'y était pas ; la pluie n'avait toujours pas cessé. La voix de Maxence dans sa tête lui répétant cette phrase fatale, "c'est le père de Joëllia", non plus, d'ailleurs.

* * *

De retour chez elle, une bonne surprise l'attendait.

La table et les chaises avaient été retapées pour être plus au goût de Clara ; une salle de bain avait été construite. Enfin, Clara allait pouvoir jouir du plaisir de prendre sa douche chez soi !

Elle décida de se mettre à la peinture. Sa déprime était toujours là, certes ; mais le fait de savoir son homme en train d'avouer la vérité et de rester assise sans rien faire lui faisait perdre la tête.

Dehors, le paysage était idyllique. La nuit venait à peine de tomber sur la ville, ce qui la rendait magnifique aux yeux de tous.

Clara se servit un bol de soupe en boîte. Elle espérait que ce soit son dernier, et qu'elle puisse enfin aménager une cuisine.
Malheureusement, le week-end était là, et elle n'allait donc pas rapporter d'argent avant trois jours.

Avant d'aller dormir, elle appella Marie, une collègue. Elles discutèrent de tout et de rien pendant un quart d'heure.
Cependant, elle refusa de la mettre au courant de son aventure avec Maxence. Qui sait ? Elle était peut-être la meilleure amie de Joëllia. C'était peu probable, certes. Mais il valait mieux ne pas prendre de risques.

Puis, elle fila au lit, fatiguée par cette journée.

Le lendemain matin, en se levant, Clara découvrit avec surprise sur son répondeur un message de Maxence : " Tu me rejoins au parc pour le festival d'été ? Bises, Max. "
Elle en fut toute contente, et se jeta directement dans le premier taxi qui passait.

En arrivant au parc, elle aperçut Maxence, qui paraîssait gêné.
- Euh... Ça va mon chéri ? Tu as passé une bonne journée ?
- Hmm... C'est à propos de Joëllia.
- Comment ça ? Elle a si mal réagi que ça ?
- Non, elle n'a pas réagi du tout... Je ne lui ai rien dit. Pas encore...
- Bon, qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Tu es grand, et je suis pas ta mère. Par contre, je te cacherai pas que...
- C'est bon, j'ai compris. Je peux te demander de ne pas me parler de ça pendant la journée, s'il te plaît ?
- Pour te faire plaisir, oui...
- Merci, Clara.


Après cette discussion, Clara proposa de faire des tirs au but sur le terrain de foot du festival.

Mais, Maxence fit preuve d'un véritable talent en la matière puisqu'il arrêta tous les buts tirés par la malheureuse Clara, qui tenta tant bien que mal d'atteindre les filets.

- Bon Dieu ! cria-t-elle. Je sais pas comment tu fais... J'ai jamais fait de foot, en même temps, moi.
- T'inquiète pas, c'est normal, ça viendra avec la pratique ! On en refait un ?
- J'ai aucune envie de continuer à me ridiculiser comme ça devant tout le monde, tu sais.
- Je te comprends... Et maintenant ?
- Hmm... Je vais aller me servir une glace, si ça te dérange pas.
- Vas-y, no soucis, je t'attends là.


Clara dégusta avec plaisir sa glace parfum "arc-en-ciel" : il s'agit en fait d'un mélange de plusieurs goûts existants, délicieux pour les papilles.

Puis, elle alla rejoindre Maxence, qui s'entraînait à tirer.
- Tu joues tellement bien... Tu m'apprendras, un jour ?
- Bien sûr. Il n'y a pas de raison...
- Tu es vraiment trop gentil, mon chéri. Vraiment...
Après plusieurs heures à discuter de tout et de rien, Clara lâcha les mains de son homme et prit une profonde inspiration.

- Maxence... Je sais que ça fait vraiment peu de temps qu'on est ensemble, peu de temps qu'on s'est réconciliés de notre grosse dispute, mais je voulais savoir... si tu acceptais de venir vivre avec moi ?

Note de l'auteur

 Je vous vois déjà venir: ce chapitre est très rapide, beaucoup de choses s'y passent, et il est excessivement long. J'aurais pu le couper en deux, c'est vrai. Mais dans ce cas-là le chapitre aurait été minus donc j'ai préféré vous donner un seul bon gros chapitre. Après tout, ça vous évite du suspense, j'ai été gentille