• Thème: Une chanson
    Contrainte: Le texte doit tourner autour d'une chanson de votre choix.
     
     
    « If I... should stay...
    I would only be in... your way...
    So I'll go... But I know....
    I'll think of you in every step of... the way...
    And I... will always love you...
    Will always... love you... »




    C'était un soir d'été. J'étais invité au mariage d'une amie éloignée. Toi, tu étais sa sœur. Tu la détestais, tu avais bien failli ne pas venir à ce mariage. Mais tu y étais obligée.
    Heureusement.
    Le bal allait commencer. Détestant la danse, j'avais pour projet de rester assis à table en attendant de sortir discrètement à la moindre occasion. Je n'aimais pas ces cérémonies, trop longues et remplies de superflus.
    Mais mon voisin de table m'avait envoyé de force sur la piste de danse, et je fus obligé de me trémousser comme je le pouvais.
    Heureusement.
    Puis, ils envoyèrent cette musique. Tu l'adorais. Le présentateur tira au sort les couples pour cette danse.
    Soudain, j'ai entendu mon nom. Puis le tien. Nous étions partenaires.
    Ça a été le pire choc de ma vie.
    Je ne te connaissais pas, je ne t'avais jamais parlé ; c'était impossible, inconcevable.
    Je ne pouvais pas danser avec toi.
    Mais tu m'as immédiatement attrapé par le bras, et nous avons commencé à danser. Tu m'as parlé. J'ai entendu le son de ta voix.
    Whitney Houston n'aurait pas fait mieux.
    A ce moment-là, je le savais ; je t'aimais. Cette danse fut un pur bonheur. A la fin de cette musique, une larme me monta à l'oeil.
    Tu me parlas. Tu me dis que cette chanson était ton coup de cœur, que tu ne pouvais pas t'en passer.
    Et que tu étais très heureuse de l'avoir partagée avec moi.
    A ce moment là, tu souris, découvrant tes belles dents parfaitement blanches. Je restai bouche bée devant ton sourire ; jusqu'à ce que tu reprennes une expression neutre.
    Tu me dis que tu voulais me revoir un jour. Tu me donnas ton numéro, je te donnai le mien.
    A ce moment-là, nous fûmes liés à jamais.


    « Bittersweet memories...
    That is all I'm taking with me...
    So goodbye, please, don't cry...
    We both know... I'm not what you need...
    And I... will always... love you...
    Will always... love you...
    My darling you... »




    Quelques mois plus tard, nous emménageâmes ensemble. Je t'aimais, tu m'aimais ; nous nous aimions. Je ne pouvais pas vivre plus d'une journée sans toi à mes côtés.
    Quand nous meublions l'appartement, nous écoutions cette musique en boucle. Tu ne voulais pas l'arrêter ; et je voulais ton bonheur. Cette chanson, tu l'adorais ; les paroles étaient ton cœur, le rythme était ton corps. Elle était ta vie.
    Plus que je ne l'étais, presque.
    Le poste radio était toujours allumé, elle tournait en boucle. Au début, cela ne me dérangeait pas. Je n'avais rien contre elle. Mais au fil du temps, je n'en pouvais plus. Je t'en ai parlé ; tu n'as pas réagi. Tu m'as simplement dit que tu allais réduire ton temps d'écoute. Je ne t'ai pas cru.
    Et j'avais raison.
    Notre vie a donc continué, en musique. Quand j'étais avec toi, j'écoutais I will always love you ; et je l'écoutais toujours. Car j'étais toujours avec toi.
    Je te regardais. Tes beaux cheveux blonds épousaient la forme de ta poitrine. Tu portais un haut pourpre, qui t'aillait à merveille. Tu remplissais une grille de mots croisés, assise sur le canapé du salon, juste en face de moi. A côté de toi, il y avait ce poste. Je m'arrêtai longuement sur ton visage. Il exprimait de la concentration. Puis il se releva, tu me regardas. Je te regardais. J'avais envie de t'embrasser, de me rapprocher de toi. Je souris. Quand je te vis appuyer sur le bouton « redémarrer » du poste, mon sourire s'esquiva.
    Je baissai les yeux, comme pour te faire comprendre ma tristesse. Je n'en pouvais plus de te voir comme ça.
    Alors, j'ai craqué.
    Je me suis levé rapidement, et j'ai couru dans notre chambre. Le plus vite possible. J'ai fermé la porte à clé. Je ne voulais même plus te voir ; et surtout, ne plus t'entendre.
    Tu as frappé. Fort. J'ai résisté. Longtemps. Tu as fini par abandonner.
    J'ai senti que tu t'asseyais contre la porte, décidée à attendre que je passe le seuil de la porte. Je suis resté quelques minutes, allongé sur le lit, les mains sur la tête, à réfléchir. Puis, j'ai ouvert.
    Tu as sursauté, et tu as voulu m'embrasser.
    Puis, j'ai fait quelque chose que je ne serais jamais cru pouvoir faire. Je t'ai repoussée.
    - Louis... Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Pourquoi ça ? Je... je t'aime...
    - Écoute, Clarysse... J'ai pris une décision. Je n'en peux plus de cette musique. Je n'en peux plus de l'écouter, sans arrêt, à longueur de journée. Je sais que tu ne le peux pas, mais aujourd'hui je te le demande, solennellement. Arrête ça.
    - Je... je ne peux pas.
    - Alors, je ne te veux pas.
    - Je comprends...
    Tu tombas au sol, en larmes. Je me forçai à rester fort. Je ne devais pas pleurer, sous aucun prétexte.
    Tu m'as regardé tristement. Je ne voulais pas te montrer mes émotions ; il me fallait tenir. C'était dur.
    Mais je l'ai fait.
    Et tu es partie.
    Je n'ai pas bougé pendant longtemps. Je ne saurais dire combien de temps je suis resté là, debout, dans le couloir, à attendre.
    Quand je me suis décidé à retourner dans le salon, le poste avait disparu. A la place, il y avait un mot :
    « Louis, mon amour,
    Je vais partir loin. Sans doute, je ne te reverrai plus jamais, et je ne reverrai plus jamais personne. Je veux m'en aller, loin de toute civilisation. Avec moi, je n'emporte que ce poste, et cette musique. J'espère que tu ne m'en voudras pas.
    Je t'aime.
    Tu sais qui. »

    Quelques jours plus tard, je reçus un coup de fil de la police. On m'informa qu'on avait retrouvé ton corps, inerte. Tu avais sans doute péri dans un accident de voiture. On ne connaît pas encore les circonstances de ton décès, et je pense qu'il vaudrait mieux pour moi que je ne les connaisse jamais.
    Demain, j'irai à ton enterrement. Et on n'écoutera qu'une seule musique.
    Demain, tout le monde entendra I will always love you. Toute la journée. Pour toi.
    Je t'aime.

    « I hope life treats you kind
    And I hope you have all you've dreamed of
    And I wish to you joy and happiness
    But above all this I wish you love... »

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